Influences
et contestations dans le monde culturel et scientifique
1. Contestation de la
théorie de l’évolution selon Darwin
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La théorie de Charles Darwin a été contestée dès sa
formulation par de nombreux scientifiques comme le français
Lamarck ou les créationnistes. Cependant, cette théorie
s’est vite imposée et est devenue un dogme de la biologie
moderne auprès d’une majorité de scientifiques.
Mais aujourd’hui elle est de nouveau remise en question sur certains points. En effet,
de nombreuses observations plus ou moins récentes viennent la
contredire. Par exemple, en 1988, trois biologistes britanniques ont
remarqué que des plantes avaient réussi à
survivre au pied de pylônes électriques au Pays de Galle
qui, avec les années, avaient laissé échapper le
zinc contenu dans leur peinture dans le sol. Le taux de zinc dans la
terre atteignait alors des proportions énormes, jusqu’à
10 mg contre 125µg aux alentours. Or, dans ces conditions,
aucun végétal ne peut normalement survivre. On est donc
en présence d’une évolution des espèces
telle que l’explique Darwin. Mais comment expliquer qu’une
mutation aléatoire, favorable à la résistance
contre le zinc ait pu se produire partout sur des dizaines de
kilomètres en aussi peu de temps ? Le darwinisme
classique en est incapable. Il s’agit là d’une des
limites de la théorie de l’évolution telle que
l’a formulé Charles Darwin.
On est donc en droit de se demander
si c’est l’environnement qui a fait muter le génome
« dans le bon sens » ou si les plantes étaient
suffisamment adaptatives pour faire face aux changements de
l’environnement.
Le professeur Sonia Sultan de la Westleyan University du Connecticut aux
Etats-Unis propose une réponse à ce problème :
« les variétés de plantes les plus
aptes à changer tendent à dominer les autres variétés
de la même espèce même si ces dernières sont
mieux adaptées à un environnement homogène ».
Il s’agit là d’une nouvelle notion inventée
par les néodarwiniens,
celle de la plasticité adaptative. Cela implique les
mécanismes de régulation du génome récemment
découverts, l’ « épigénétique »
ou « au-dessus du gène ». Ce mécanisme
consiste à réprimer ou augmenter l’expression de
certains gènes en jouant, par exemple, sur le taux
de méthylation de l’ADN. Cette théorie
expliquerait une autre observation inexpliquée, le fait qu’une
guêpe parasite et un aphidien soient devenus insensibles à
un insecticide sans qu’aucune mutation avantageuse ne les ait
dotés d’un gène de résistance. De plus
cette explication permet de conserver les fondements de la théorie
de Darwin, en les adaptant aux nouvelles observations.
Un deuxième pilier de la théorie de l’évolution remis en
cause par des expériences récentes est l’hérédité
des caractères acquis : selon les darwiniens, un
organisme ayant réussi à s’adapter à
l’environnement ne peut transmettre cette adaptation à
sa descendance. En effet, ils prétendent que seules des
mutations sont susceptibles d’être transmises en
l’expliquant par une barrière germinale infranchissable
(les cellules reproductrices s’isolent des cellules somatiques
dès le stade embryonnaire). Cependant, plusieurs expériences
ont démontré le contraire : en 1978, au Japon, des
chercheurs ont réalisé une expérience montrant
qu’en extrayant la glande parathyroïde (qui sécrète
le parathormone régulant le calcium dans l’organisme) à
des rats, leurs descendants souffraient de déficits en calcium
jusqu’à la 4ème génération.
De plus, toujours au Japon, des chercheurs ayant injecté une
molécule d’ADN contenant des gènes changeant la
couleur des yeux rouges en noir dans l’abdomen de papillons ont
observé que leurs descendants avaient bien les yeux noirs. Ces
papillons ont donc acquis le phénotype « œil
noir » sans le concours d’un quelconque virus ou
vecteur de transgénèse (qui n’existait pas à
l’époque, en 1970).
Il est donc possible de transmettre un caractère acquis à ses descendants sans
l’intervention d’une quelconque mutation, ce qui est
contraire au darwinisme pur : la barrière germinale n’est
pas aussi étanche que certains biologistes le prétendaient :
elle laisse passé des molécules aussi insoluble que
l’ADN !
Depuis 1970, de nombreuses expériences ont donc permis de faire évoluer
la théorie de l’évolution telle que Darwin
l’avait émise : les néodarwiniens ont publié
des nouvelles théories expliquant les adaptations à
l’environnement sans mutations favorables ainsi que la
transmission de caractères acquis par un organisme à sa
descendance.
2. Influences culturelles
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La théorie de l’évolution n’a pas bouleversé seulement le
monde de la biologie : elle a également été
transposée au niveau de la sociologie, de la politique…
On va s’intéresser
ici à certains phénomènes socioculturels qu’elle
a permis d’expliquer.
Des observations ont montré que des fourmis stériles, et donc ne pouvant pas
se reproduire, concentraient toute leur énergie à
s’occuper de leurs sœurs (elles sont en effet toutes des
filles de la reine). Si on traduit ce phénomène en
termes évolutionnistes, on peut se demander pourquoi ces
fourmis stériles ont été sélectionnées.
On peut l’expliquer par le fait qu'en s’occupant de leurs sœurs, et donc en
leur permettant de survivre, elles contribuent à la
propagation des ¾ de leurs gènes. C’est donc
aussi efficace qu’une reproduction directe par voix sexuée.
On peut de la même façon expliquer la plupart des conduites sociales en utilisant
le darwinisme.
Un autre exemple est l’analyse des comportements masculins et féminins qui
constituent deux stratégies adaptatives opposées :
Les mâles consacrent leurs efforts à multiplier les cellules sexuelles
et à les répandre le plus largement possible puis en
dépensant un minimum d’énergie pour le
développement des individus issus de ces cellules.
Les femelles, au contraire, produisent peu de cellules sexuelles mais elles
maximisent les chances de survie et de développement de
chacune d’entre elle tout au long de leur croissance.
E.O. Wilson pousse cette hypothèse au maximum en
prétendant que toutes les règles sociales (éthique,
évitement de l’inceste de mariage et de parenté)
sont l’expression de dispositions biologiques et donc celle des
gènes. Cependant, cette théorie est fortement critiquée
par de nombreux biologistes et sociologues.
Une des théories sociales les plus célèbres est la
théorie des « mêmes » proposée
par l’Anglais R. Dawkins.
Pour lui, les gènes ne sont que des entités capables de
se reproduire, des « reproducteurs ». Ils ne
constituent ainsi qu’un exemple parmi tant d’autres. Il
imagine donc d’autres entités, les « mêmes »
qui sont également capables de se reproduire et qui subissent
des transformations (équivalent des mutations). De plus,
certains mêmes ont des meilleures capacités de
reproduction que d’autres, et ils tendent donc à dominer
les autres statistiquement. Ces mêmes sont des idées
élémentaires, à la base d'une culture, comme
l'idée de dieu ou une recette de cuisine , qui sont
transmises de cerveau à cerveau par réplication, tout
comme les gènes. Mais ces réplications ne se font pas
toujours à l'identique: il peut se produire des « mutations ».
On obtient alors des mêmes mutants, une loi à laquelle
on a voté un amendement ou l'amélioration d'une
technique. De plus, les mêmes les plus aptes à se
reproduire colonisent une majorité de cerveaux, comme la
conception monothéiste de la religion par exemple.
La théorie de R. Dawkins reprend donc le modèle de la théorie
évolutionniste en la rapportant aux cultures humaines. Selon
lui, on peut donc expliquer l'évolution des comportements
humains grâce au darwinisme.
On a donc vu que la théorie de l'évolution a eu de grandes influences au
niveau de la quasi-totalité des domaines intellectuels.
Au niveau scientifique, elle a permis de comprendre la diversité des espèces.
Par contre, de nos jours, l'évolutionnisme tel que l'a formulé Darwin est dépassé. De nombreuses observations sont
venues contredire certains aspects de cette théorie.
Cependant, elle a servit de base de travail à de très
nombreux biologistes qui, depuis Lamarck et Darwin, l'ont modifié
maintes et maintes fois. Même si les darwinistes purs ont
presque complètement disparu aujourd'hui, la théorie
de l'évolution reste et restera sûrement une des principales
base de la biologie.
Au niveau culturel maintenant, cette théorie a été très
souvent reprise et adaptée aux phénomènes
socio-économiques que l'on voulait expliquer et a permis de
rapprocher des domaines, comme la sociologie et la génétique
qui semblaient très éloignés les uns des autres.
Elle est donc toujours omniprésente dans l'ensemble du monde scientifique et continue
à influencer les nouvelles théories. |